Pas pour responsable, pas pour responsable... Moi si, un peu. Mais si c'est que moi, c'est que j'ai peut-être tort. Ou alors ai-je raison et est-il trop gentil. Ou a-t-il pitié de ma douleur. Mais je suppose que d'une certaine manière, il pointe un détail qui a son importance: si je n'avais pas été là, les imbéciles auraient peut-être fusillé tous le monde, à commencer par les gardiens de sécurité. Et est-ce qu'il aurait pris sur lui de sauver tout ces gens si je ne l'y avais pas incité? Loin de moi l'idée de me placer en héro, je déteste ce terme et je n'en suis pas un, mais objectivement parlant, est-ce que ce serait arrivé?

« Et puis... Je sais pas, je devrais peut être te juger sur le fait que tu participes à ce genre d'opération mais... » - Je ne relève pas, pas plus que je ne fais le moindre geste, ou la moindre grimace. Je comprends. Ou plus précisément, je tolère. Je sais ce que je fais, et je sais que ce que je fais n'est pas quelque chose que le reste du monde considère comme une bonne chose. En vérité moi non plus, mais c'est ma vie et je la mène comme je l'entends, avec une fierté non honteuse. Mais je comprends, et du moment qu'on essaye pas de me changer, pourquoi chercherais-je à me défendre? - Je cautionne pas les cambriolages armés, non. - Je cautionne rarement les armes d'ailleurs, puisqu'on en parle.

« Bref. Tout ça pour dire que je te tiens pas pour responsable, pas la peine de t'excuser... » - Je hausse les épaules. J'ai jamais été doué pour accepter les compliments. Ou peu importe ce que "ça" est. Je peux me chanter à moi-même tous les compliments de la terre, mais lorsqu'on m'en fait un, j'ai du mal. - « Je parle beaucoup hein ? Désolé. » - Ajoute-t-il en me rejoignant à la fenêtre, un air à la fois gêné et désolé sur le visage, et cette fois, c'est moi qui lui sourit. - Pour une fois que tu parles plus que moi, je trouve qu'on fait du progrès. - Je pourrais blâmer les blessures pour ça, mais ce serait mentir.

Dans ce cas, ce sera pour te remercier pour tes soins. Et sur ça, t'as rien à dire, parce que c'est vrai. - Non, mais ouais d'abord. Pour qui il se prends à parler plus que moi. Il est mignon s'il veut mais il me laisse parler! Enfin, je tends une main. - Donc, ton téléphone. - Et quand il me le donne enfin, parce qu'il n'a pas le choix, j'envois un message à mon numéro et je le lui rends sans lui montrer ce que j'ai écris. - Et maintenant, ta main. - Parce qu'il va pas se téléporter tout seul. J'attrape alors sa main dans la mienne, me penche un peu pour visualiser les rues en contrebas, et nous voilà parti. Ça ne dure qu'une fraction de seconde et finalement je sens le sol sous mes pieds nus, et la chaleur de la ville réveiller les brûlures de mon dos tout aussi nu: bonne chose que je nous ai fait apparaître dans une ruelle déserte. - Il y a le métro à gauche et un arrêt de bus un peu plus loin. Tu me préviendras pour me dire que t'es bien arrivé? Sinon je vais m'inquiéter en dormant et me réveiller grognon. - Après tout, il a reçu mon message il a mon numéro. Ce beau et magnifique message qui dit "Salut, beau roux. Alors, bonne journée ?".