Aidan lève la tête vers moi et je pose mon regard sur lui, et j'y lis... Wait, il se moque là? - « Salut. » - Je lui souris, un sourire encore empreint du sommeil, alors qu'il rebaisse sa tête, m'offrant le magnifique paysage du dessus de son crâne, mais ça va, je regarde devant moi, me permet même de fermer les yeux à nouveau. - « Tu parles en dormant tu sais ? » - Hmm.. - Fais-je en guise de réponse. Je parle dans mon sommeil depuis trop longtemps pour réellement me souvenir quand ça a commencé, mais si je devais deviner, je dirais que c'était lorsque j'ai quitté la maison de mes parents. Ou en tout cas dans la rue. Enfin, dans cette période-là. - « Je crois que tu m’as parlé de bateau à un moment, mais je dormais à moitié, alors je suis pas sûr. » - Un fin sourire se forme sur mes lèvres. - La plupart du temps je fais aucun sens, t'as déjà de la chance d'avoir compris quelques mots. - Ouais, les marmonnements, faut pas trop s'y fier en général.

Je le sens bouger la tête, sans pour autant la décoller de mon torse qui ne ressent pas la fraîcheur de l'air dans la pièce, mais n'ouvre pas les yeux. - « Tu tiens chaud aussi. C’est pas trop mal. » - Un rire s'étouffe dans ma gorge, il a dû le sentir, lui qui est collé contre mes poumons, et sa main vient le rejoindre. - Je suis une bouillotte sur pattes. - Le comble pour un gars qui ne ressent pas la température. Et puis j'ouvre les yeux. - T'as froid? - Sans attendre de réponse, je me met à bouger, glissant le long de son corps pour me retrouver le drap jusqu'au cou, je l'enserre de mes bras, mon visage proche du sien, mes jambes presque entremêlées avec les siennes. - Mieux? - J'en aurais presque les pieds qui dépassent au bout du lit. - Si tu veux on rajoute ta couette en plus. C'est pas moi que ça va déranger. - Après tout, insensibilité à la température, blablabla... - On peut même se faire un fort avec les couettes et rester dessous toute la journée. - Et puis je lève un œil vers la porte d'entrée, que je peux voir de là. - Quoi que, j'ai faim, tu crois que le roomservice viendrait jusque dans le fort?

« J’aime bien l’idée. Mais je crois que je vais avoir besoin de bouger un peu. Genre… Aller marcher, ça t’irais ? » - Hmm, si tu veux. On peut aller faire un tour en centre-ville. On y trouvera bien quelque chose à faire. - J'admet, je n'ai pas planifier nos activités du jour. Je me suis concentré sur la soirée, le match, mais je n'ai pas cherché au-delà de cette nuit qui, dans ma tête, aurait dû se passer bien différemment. Comme quoi, faire des plans... Je n'ai pas plus anticipé de fixer sans retenue les jolies formes des fesses d'Aidan, moulées dans son boxer, alors qu'il s'extirpe du lit pour aller jusqu'à la salle de bain.

Pendant son absence, j'attrape mon téléphone et parcours les quelques notifications reçues durant la nuit, notamment un texto cryptique que je laisse de côté le temps de rentrer en ville. Hors de question de laisser le travail s'inviter à cette petite fête. Au lieu de ça, j'ouvre Instagram et fais défiler les derniers ajouts jusqu'à ce qu'Aidan revienne. - « Tu peux y aller si t’as besoin. Et… Tu parlais de room service tout à l’heure. Y en a vraiment un ou il faut qu’on descende pour prendre le petit dej’ ?.. » - Oui oui. - Dis-je en me levant un peu vite du lit, bondissant au bout avant de poser les pieds et sol et me lever pour attraper un petit livret relié de faux cuir sur la tablette. Je l'ouvre, en parcours les pages, puis le lui tend. - Tiens, commande ce que tu veux. Moi je prendrais la formule petit dej' salé, c'est.. la troisième dans la liste.

Et je m'esquive pour rejoindre la salle de bain, avec une question qui me trotte dans la tête: est-ce que j'aurais dû l'embrasser? Pourquoi j'y pense? J'en sais rien. J'en sais foutre rien. J'avais envie de prolonger ce moment, puis il s'est levé, puis il est revenu et c'est moi qui me suis levé, et depuis qu'on est plus dans ce lit, j'ai l'impression qu'on oubli ce qui s'est passé. Bon, ok, ça fait deux minutes. Pourquoi ça me travaille autant? En plus j'ai l'haleine de phoque de la nuit, j'ai bien fais de pas le toucher.
Alors après un passage aux toilettes et mon short jeté par terre, je me contorsionne pour passer ma tête sous le robinet du lavabo et rince mes cheveux à l'eau chaude pour les rediscipliner avant de me laver les dents. À l'eau froide, pour information.
Et puis quand j'ai fini, je regarde autour de moi, et je vois... Bah rien. - J'ai perdu mes fringues! - Pas de panique. J'entrouvre la porte coulissante, passe la tête par l'embrasure en ne révélant rien de plus que ce qu'il a déjà vu plusieurs fois, et balaye la chambre d'un regard alarmé avant de repérer le petit tas de linge à côté de mon sac. - Ah non c'est bon. - Et je m'apprête à aller les chercher, bien sûr, avant de réaliser que je suis à poil. Ça ferait un peu désordre. Alors plutôt que de parader avec le morning wood encore un peu en l'air, j'utilise mes pouvoirs et téléporte mon sac dans la salle de bain avant de refermer la porte. - Pas de spectacle aujourd'hui!

Sans perdre de temps, j'enfile un boxer gris clair propre, pour info encore, et je ressors de la salle de bain avec le sac à la main, faisant trois pas de danse très approximatifs en passant devant son lit. - Mini spectacle parce que je sais que t'es déçu. - Et puis je me laisse tomber sur mon lit, le sac par terre. - T'as commandé du coup? - Ou plus simplement: je dois m'habiller quand pour pas recevoir la bouffe en sous-vêtement? Bah quoi? Non j'aime pas m'habiller. C'est lourd à porter les vêtements, et j'ai une constitution délicate. Et accessoirement, est-ce que j'aurais dû profiter d'avoir l'haleine fraîche pour l'embrasser maintenant? Sans déconner, pourquoi j'arrive pas à penser à autre chose qu'à ça?!

Une dizaine de minutes? Bon, ça m'en laisse neuf et demi à l'air libre alors, c'est bon à savoir. Quoi que si on compte qu'il a probablement passé l'appel pendant que j'étais dans la salle de bain, j'ai peut-être moins que ça. C'est compliqué. - « Nate ? » - Je tourne la tête dans sa direction, moi toujours allongé, mais lui presque assis sur son lit. - « Tout ça c’est… Nouveau. J’ai jamais… » - Je ne bouge pas, je ne dis rien, en fait mon visage ne change même pas d'expression. J'ai compris la veille qu'il ne sert plus à rien de se formaliser des phrases inachevées qu'il prononce: il y en a trop. - « C’est possible que je sois un peu… Lent ? Que je prenne du temps pour trouver mes marques… Je voulais juste… Vérifier avec toi que c’était ok ? »

Me redressant, je pousse mon sac du pied et traverse le petit mètre de distance entre nos deux lits pour venir m'asseoir au bord du sien. - Rassure-toi, c'est la même pour moi. J'ai pas l'habitude de tout ça. - Tout ça étant le début d'une relation qui sera toujours plus sérieuse que mes habituelles parties de jambes en l'air qui durent tout au plus quelques heures et puis je ne revois plus jamais la personne. Sauf si j'aime bien écarter ses jambes et qu'elle a bien aimé ça aussi. - Mais du moment que je peux encore faire ça... - Commencé-je en me penchant pour venir déposer un baiser innocent sur ses lèvres. - De toute façon, on est pas pressé par le temps. Rien ne nous force à courir, on peut très bien marcher tranquillement. - Ajouté-je en appuyant ma tête sur ses jambes repliées. - Enfin, du moment que tu veux bien marcher un peu avec moi. - Et que la veille n'a pas été reniée.

Cette métaphore de la marche est perturbante, surtout avec ce qu'on a planifié de faire tout à l'heure, mais c'est la seule image qui m'est venue. Et puis on toque à la porte, et un immense sourire élargi mes lèvres. - Manger! - Alors je bondis sur mes pieds, sort un pantalon en jersey que j'enfile en manquant de tomber trois fois, et me précipite vers la porte pour ouvrir au mec en costume qui pousse le chariot dans la chambre sans totalement entrer. - Merci beaucoup. - Que je lui dis en refermant derrière-lui pour apporter le chariot entre les deux lits. - Dis-moi ce qui est à toi, sinon je vais tout manger!